Un moulin et un projet de films, entre Histoire et légende

Les lieux anciens sont comme des livres chargés d’histoires pour peu qu’on apprenne à les décrypter, de formidables invitations à un voyage immobile dans l’espace, mais fulgurant dans le temps, en compagnie d’hommes, de femmes et d’enfants si proches de nous à l’échelle de l’humanité qu’on a soudain la sensation de les côtoyer. Quel passionné d’histoire ou d’archéologie n’a pas ressenti cette proximité en exhumant un objet usé par d’autres mains, en déchiffrant une écriture à demi effacée qui en dit long sur une personnalité ou encore en faisant siens des gestes oubliés ?

Enquêter sur les traces du passé est jubilatoire, bien loin des cours d’Histoire rébarbatifs dont j’ai conservé le souvenir. C’est aussi une démarche indispensable pour comprendre la lente évolution des mentalités qui a conduit à notre mode de pensée et construire la société de demain dans une optique de progrès, de respect de l’humain et de son environnement.

1) La genèse du projet

Tout est parti d’un lieu ancien que je connais bien, le moulin de Sugy, et de la découverte des vestiges d’une chaumière datant de la fin du XVe siècle, à l’intérieur même d’une longère du XVIIe. Cette configuration étonnante a été le point de départ de trois ans de recherches qui ont permis de reconstituer la riche histoire d’un site témoin de grands événements depuis la période médiévale.

La matière pour un film documentaire était toute trouvée, mais également l’inspiration pour l’écriture d’une fiction. Les moulins étant souvent associés aux forces surnaturelles dans l’imaginaire collectif, celui de Sugy n’échappe pas à la règle, propice au développement d’une histoire autour d’une vieille légende.

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2) Description du projet

Il s’agit d’un double projet de film constitué d’une fiction et d’un documentaire unitaire, ce dernier étant lui-même décliné en série thématique ; un projet multiforme rendu possible par le nombre de pistes explorées lors des recherches préalables et de l’importance des matériaux accumulés.

La fiction entraîne le spectateur aux frontières du réel, avec l’histoire d’une légende attachée au vieux moulin qui plonge les protagonistes dans un univers teinté de surnaturel et de croyances anciennes, avec un traitement narratif proche du thriller. La partie documentaire, dans sa version unitaire, s’emploie à reconstituer le passé qui a servi de cadre à la narration, à travers une enquête historique et archéologique autour du site de Sugy dont les origines remontent à la période médiévale.

La déclinaison en série documentaire, sous un angle à la fois technique, historique et archéologique, développe d’avantage les thématiques de la version unitaire pour raconter la vie de nos ancêtres à travers leurs modes de subsistance, et plus particulièrement la transformation des céréales en farines, des premières meules à bras de l’Antiquité jusqu’aux minoteries industrielles du XXIe siècle. Elle interroge sur la trajectoire de l’humanité aujourd’hui, dégradant son environnement au point de mettre en péril sa propre subsistance par une course effrénée à la consommation de biens matériels, et sur les dérives d’un système économique libéral mondialisé creusant comme jamais les inégalités entre les populations les plus riches et celles qui ont à peine de quoi survivre. Les savoirs-faire de nos ancêtres et leurs modes de vie sobres en ressources naturelles servent de point de départ à une réflexion sur un modèle de société durable, respectueux de l’homme et soutenable pour notre planète Terre. Dans un des premiers volets, on y aborde le thème de l’agroécologie, à partir d’expérimentations réalisées au moulin de Sugy, comme mode de production alimentaire compatible avec les équilibres naturels et capable de nourrir demain dix milliards d’individus.

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L’ensemble forme un cadre de programmes associant plusieurs formes narratives pour aborder l’histoire de notre société sur un mode ludique et accessible, et porter un regard sur son évolution actuelle.

3) Objectifs du projet

Au-delà de la démarche artistique, les objectifs du projet sont les suivants :

– Valoriser un patrimoine rural rare, témoin de notre histoire, et le faire découvrir au plus grand nombre par un programme attrayant et ludique regroupant deux genres cinématographiques. Rendre accessible par ce biais la « grande Histoire » sans qu’elle soit rébarbative.

– Contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique et la dégradation de notre écosystème, et contre un système économique néolibéral mondialisé plongeant une partie de l’humanité dans la précarité pour le profit d’une minorité.  Le cinéma et l’audiovisuel sont de formidables outils pour éveiller les consciences et induire des changements de comportements pour un monde désirable, respectueux de l’humain et de son environnement.

– Réunir et promouvoir des professionnels de talent qui peinent à valoriser leur savoir-faire en cette période de crise économique. Mettre en œuvre un mode de production viable en créant des programmes modulaires, avec une déclinaison de la partie documentaire en série thématique.

– Expérimenter de nouvelles techniques au service de la narration, dans les domaines de la prise de vue par drone, le tournage en 4K, l’imagerie de synthèse, et même la prise de vue subaquatique, tant pour la fiction que le documentaire.

4) Les compétences et partenariats recherchés

Au stade actuel du projet et en prévision des développements futurs, je recherche un ou une associé(e) ayant de bonnes notions de financement d’une œuvre cinématographique / audiovisuelle ainsi que des compétences en direction de production.

Les propositions de partenariats dans les domaines de l’image de synthèse sont également les bienvenues, notamment :

– Modélisation 3D de bâtiments anciens, sites archéologiques…
– Modélisation 3D et calcul de forces sur les mécanismes de moulins

Collaborateurs également recherchés :

– Documentalistes
– Rédacteur documentariste
– Equipe de tournage et post-production : toute candidature motivée par le projet pour compléter une équipe technique et artistique constituée lors de précédents projets.

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5) Pour aller plus loin

La destinée du moulin de Sugy est liée aux abbayes cisterciennes du Haut-Berry, à la principauté souveraine de Boisbelle, aux seigneurs de Galleazy venus d’Italie au XVIe siècle dans l’entourage du duc de Nevers, à Maximilien de Béthune, duc de Sully, aux maîtres tanneurs du XIXe. Son territoire d’implantation a été le témoin de procès tardifs pour sorcellerie, d’une tentative de soulèvement du Centre par les Vendéens, de révolutions agraires successives, de l’évolution des modes de vie dans nos campagnes et de l’exode vers les villes à l’aire industrielle et bien d’autres choses encore. Un contexte extrêmement riche et en partie méconnu permettant de raconter la « grande Histoire » à travers la petite, par une variation ludique et inédite sur un univers rarement traité au cinéma et dans les médias.

Le site historique du moulin de Sugy
Avec un diaporama comportant de nombreuses images tirées des rushes.

Les premières images du volet documentaire sur les grands fours « communs » : un petit montage provisoire sur la rénovation de celui du moulin de Sugy.

Par Alexandre Eymery