Le site du moulin de Sugy

Le site du moulin de Sugy est un formidable sujet de recherche historique. Au fil des siècles, ses occupants n'ont jamais fait table rase du passé, conservant par économie et pragmatisme tout ce qui pouvait l'être. Ce qui permet aujourd'hui une lecture quasi archéologique du lieu, par le décryptage d'éléments d'époques différentes qui se superposent. Les nécessités de la rénovation, dans le respect du bâti, ont conduit à l'expérimentation de techniques anciennes, pour la construction comme pour le réseau hydraulique.

S'intéresser à l'histoire de nos ancêtres, c'est aussi comprendre leur mode de subsistance. Le moulin de Sugy est également un lieu d'expérimentation de cultures sans pesticide et sans engrais de synthèse, sur des variétés paysannes de légumes et de blés anciens. Ce qui le relie à l'avenir qui est à l'agroécologie, pour un monde respectueux de l'humain et de son environnement.

 


Une occupation ancienne qui remonte au Moyen-Age

Le moulin de Sugy est un moulin à eau implanté sur la commune d’Henrichemont, ville nouvelle fondée en 1609 dans le Berry par Maximilien de Béthune, duc de Sully. Sa destinée est liée aux abbayes cisterciennes de la région, à la principauté de Boisbelle, aux seigneurs de Galleazy venus d’Italie au XVIe siècle dans l’entourage du duc de Nevers, aux maîtres tanneurs du XIXe.

Le site du moulin se caractérise par une occupation ancienne puisque le lieu-dit, sous son nom de forme latine, Villa Selgiaco, apparaît pour la première fois au Xe siècle dans les archives du chapitre de la collégiale Notre-Dame de Salles de Bourges. Le moulin est mentionné en tant que tel en 1267, sous la forme de moulin de Sogy dans les archives de l’abbaye Notre-Dame de Beauvoir, abbaye cistercienne de femmes à Marmagne. Il apparaît ensuite dans de nombreuses archives depuis cette période, implanté sur le domaine seigneurial de Sugy, et figure sur le relevé Cassini de 1755.

L’étude des bâtiments a permis de reconstituer les différentes évolutions du moulin au fil du temps, plusieurs installations techniques s’étant succédées sur le site depuis la période médiévale. La partie la plus ancienne qui subsiste est la pièce principale d’une chaumière du début du XVIe siècle dont il reste des pans de bois et des éléments de charpente. Ces vestiges sont enchâssés dans une fermette du XVIIe, en moellons de silex, qui a été elle-même agrandie sous forme de longère et accolée à l’actuel bâtiment technique datant de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Un hangar à écorces et un petit bâtiment abritant un important four à pain complètent l’ensemble depuis la fin du XIXe.

D’abord doté d’une seule paire de grandes meules, le moulin de Sugy est pourvu d’un mécanisme à deux tournants à partir des années 1830. Puis il est reconverti après 1858 en moulin à tan par une communauté de maîtres tanneurs, répondant au développement local d’une industrie du cuir. Il a conservé cette spécificité jusqu’en 1939, date à laquelle le dernier exploitant met fin à son activité. En 1971, le moulin est transformé en résidence secondaire. Lors des travaux de rénovation, les nouveaux propriétaires conservent la machinerie dans le bâtiment technique, l’axe en bois de la roue et le coursier dans la chambre à eau.

Le moulin de Sugy apparaît comme étant l’un des derniers moulins du secteur à n’avoir pas été ruiné et demeure fondé en titre, au sens juridique du terme. Il constitue un exemple rare du patrimoine rural et technique local, même s’il ne fait l’objet d’aucune protection au titre des Monuments historiques. Il est doté d’un étonnant réseau hydraulique alimenté par deux cours d’eau, la Fontaine Bidault et la Fontaine Gaudry.

Plaquette de présentation